Les États-Unis viennent d’autoriser la vente de viande de poulet cultivée en laboratoire ! Cette “viande artificielle” ressemblera, au niveau moléculaire, à celle du poulet. Mais qu’en est-il des bénéfices environnementaux souvent mis en avant par les partisans de la viande artificielle comme remplacement de la viande naturelle ?
Une récente étude* de l’UC Davis démontre que pour la viande de bœuf cultivée en laboratoire à partir de cellules animales, l’impact environnemental est “plusieurs ordres de grandeur” supérieurs à celui du bœuf traditionnel, selon les méthodes actuelles et futures de production. Les chercheurs ont évalué le cycle de vie pour déterminer l’énergie nécessaire et les gaz à effet de serre émis à chaque étape du processus de production, puis ils ont comparé ces résultats avec ceux du bœuf.
L’un des principaux défis actuels pour la viande cultivée en laboratoire réside dans l’utilisation de milieux nutritifs hautement raffinés ou purifiés nécessaires pour favoriser la multiplication des cellules. Cette méthode, similaire à celle utilisée dans la biotechnologie pharmaceutique, a un impact environnemental non négligeable. Si les entreprises doivent purifier les milieux nutritifs jusqu’à un niveau pharmaceutique, cela consomme davantage de ressources et participe de manière conséquente à l’accroissement du réchauffement climatique.
Les résultats montrent que le potentiel de réchauffement climatique pour la viande cultivée en laboratoire utilisant ces milieux purifiés est quatre à vingt-cinq fois supérieur à la moyenne du bœuf vendu dans le commerce. À moins d’une révolution technologique où la viande cultivée en laboratoire serait produite à partir d’ingrédients ou de cultures alimentaires et sortirait du mode de production purement “pharmaceutique”, il est peu probable que cela se réalise prochainement.
Il est intéressant de noter que même les systèmes de production de bœuf les plus efficaces examinés dans l’étude surpassent la viande cultivée dans tous les scénarios (alimentaire et pharmaceutique). Les investissements visant à améliorer la production traditionnelle de bœuf, en tenant compte du climat, pourraient entraîner des réductions d’émissions plus importantes et plus rapides que les investissements dans la viande cultivée.
En optant pour des techniques d’élevage toujours plus responsables, les éleveurs français montrent leur volonté de protéger l’environnement, en limitant par exemple les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’eau. Des éleveurs qui accordent une attention toujours grandissante à l’alimentation, l’habitat et aux soins vétérinaires prodigués aux animaux dont ils s’occupent. Un des exemples les plus marquants est celui des professionnels de l’œuf qui se sont largement mobilisés pour répondre aux nouvelles attentes sociétales. En 2016, ils s’étaient fixés pour objectif d’atteindre 50 % de productions alternatives à la cage à l’horizon 2022. Un objectif qu’ils avaient devancé trois ans avant l’échéance prévue dès 2019, avec 53 % de poules dans des systèmes alternatifs ! Aujourd’hui ce pourcentage est monté à 77 % de poules élevées en système alternatif à la cage aménagée.
Il est évident qu’il faut plutôt encourager ces démarches durables, afin que nos terroirs continuent de vivre et de nous offrir des produits de qualité, naturels et sains, tout en préservant notre environnement pour les générations futures.
De la « boite de Petri à l’assiette » est un scénario de film dystopique que personne n’a vraiment envie de vivre : la viande de laboratoire doit rester où elle est.
Étude* : https://www.ucdavis.edu/food/news/lab-grown-meat-carbon-footprint-worse-beef